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KILL-LIST : 10 gouvernements qui ont une liste secrète de personnes à éliminer

Plusieurs gouvernements à travers le monde ont des listes d’individus à éliminer. Ces « kill list » contiennent généralement des noms de personnes que les gouvernements prétendent être des terroristes ou des espions. Comme nous allons le découvrir, ce n’est pas toujours le cas. Des terroristes présumés, des militants des droits de l’homme et des journalistes ont également été pris pour cible. Mais tous les gouvernements ne seront pas prêts à reconnaître l’existence d’une telle liste. Pour ceux qui le font, ils nient qu’il s’agit de listes de cibles à éliminer et leur donnent d’autres noms.

1. États-Unis

Le gouvernement américain dispose d’une liste pas si secrète, la « disposition matrix », qui contient les noms, lieux et méthodes préconisées pour tuer les personnes que le gouvernement considère comme des ennemis des États-Unis. Bien que l’existence de la liste soit un secret de Polichinelle, les noms qui y figurent ne le sont pas. A l’époque où Barack Obama était président, le gouvernement décidait qui figurait sur la liste lors des réunions hebdomadaires que la presse appelait « mardi de la terreur ». Les noms ont été ajoutés par des responsables de l’armée et des services de renseignement américains et, parfois, par le gouvernement britannique.

Une fois les noms approuvés, l’armée et la CIA suivaient les suspects et les tuaient à l’aide de missiles lancés par drones ou d’attaques secrètes des forces spéciales. Ils ont rarement arrêté et interrogé les cibles. La plupart étaient des djihadistes présumés au Pakistan, au Yémen et en Somalie. La « disposition matrix » fut critiquée parce qu’elle contiendrait des noms de personnes qui ne sont peut-être pas des terroristes. Les frappes de drone tuent aussi beaucoup de civils. Entre 2001 et 2013, plus de 400 Pakistanais ont perdu la vie à la suite de 330 frappes de drones américains.

2. Chine

On ne sait pas vraiment si la Chine a toujours une « kill list » à ce jour. Mais on sait qu’elle en avait une en 2010 lorsque son ministère de la Sécurité d’État a tué plus de 30 espions de la CIA en mission dans le pays. Les meurtres ont commencé en 2010 lorsque le ministère de la Sécurité d’État (l’équivalent chinois de la CIA) a infiltré un réseau d’espionnage de la CIA opérant en Chine, utilisant à l’époque des moyens de communication peu sécurisés. Ils n’étaient pas cryptés et les espions de la CIA utilisaient même des ordinateurs portables et des ordinateurs de bureau standards pour communiquer.

A l’origine, le système était destiné aux pays du Moyen-Orient dont les moyens de contre-espionnage étaient faibles. Malheureusement pour la CIA, la Chine dispose d’une capacité de contre-espionnage forte et active. Elle a traqué les espions de la CIA en utilisant les canaux de communication non cryptés et a assassiné ces individus. La Chine savait clairement ce qu’elle faisait car elle ne tuait que les vrais espions de la CIA. Bien que 30 d’entre eux aient été confirmés morts, les agents du renseignement estiment que les chiffres sont plus élevés.

3. Royaume-Uni

Le gouvernement britannique a sa propre « kill list ». Il est intéressant de noter que la plupart des cibles que l’on retrouve sur cette liste sont des citoyens britanniques. Il y a quelques années, les services de renseignement britanniques – MI5, MI6 et le siège du gouvernement chargé des communications – ont dressé une liste contenant les noms de 200 citoyens britanniques qui avaient adhéré à l’État islamique. Des centaines de citoyens britanniques ont rejoint l’État islamique à son apogée. Le chiffre réel est inconnu, mais on estime qu’il se situe autour de 700.

La Grande-Bretagne craignait que les citoyens radicalisés puissent revenir dans le pays pour lancer des attaques terroristes. Il a donc décidé d’assassiner les 200 premiers, dont 12 experts en bombes. Les services de renseignement ont transmis la liste aux commandos du Special Air Service insérés sur le territoire irakien. Les commandos étaient chargés de trouver et de tuer ces djihadistes, bien qu’ils aient été autorisés à capturer certaines cibles. Le gouvernement britannique a également pris pour cible certains djihadistes avec des drones.

4. France

La France avait une liste de cibles, du moins quand François Hollande en était président. La « kill list » de François Hollande s’inspire de la disposition matrix américaine dont nous avons déjà parlé tout à l’heure. Les cibles étaient des individus que le gouvernement français pensait être des preneurs d’otages ou des personnes dont les agissements nuiraient aux intérêts français. Comme les dirigeants américains, le gouvernement français a qualifié les assassinats de  » neutralisation d’objectifs stratégiques « , d’ » éliminations ciblées  » ou d’ » opérations d’homicides  » au lieu de  » meurtres  » ou  » d’assassinats « .

Cependant, contrairement aux États-Unis, le gouvernement français utilisait des avions avec pilotes parce qu’il n’avait pas de drones d’attaque. D’autres fois, le gouvernement français transmettait ses informations sur la cible aux États-Unis, qui ont alors tué ces individus avec leurs drones. Cependant, nous disposons de peu d’informations sur la liste noire de la France, car le pays est généralement discret au sujet des assassinats dits ciblés. Nous savons que la liste a été établie par l’armée française et la Direction générale de la sécurité extérieure, l’équivalent français de la CIA.

5. Allemagne

Le gouvernement allemand possède une liste noire, même s’il ne s’occupe pas d’effectuer le sale boulot lui-même. La tâche incombe aux États-Unis. Ainsi, l’Allemagne transmet des détails sur ses cibles aux États-Unis, qui les ajoutent à la Joint Prioritized Effects List (JPEL), une liste de 3 000 trafiquants de drogue, talibans et combattants d’Al-Qaida opérant en Afghanistan. les cibles sont ensuite traquées par la Task Force 373 (maintenant appelée Task Force 3-10). Cette équipe secrète américaine opère en Afghanistan ; et les soldats de cette équipe doivent capturer ou tuer les personnes inscrites sur cette liste. Cependant, ils tuent la plupart du temps parce qu’il est difficile de capturer des cibles qui résistent aux arrestations ou tentent de s’enfuir.

6. Russie

L’existence d’une liste de cibles à exécuter tenue par l’insaisissable gouvernement russe n’est pas certaine. En effet, la Russie ne reconnaît pas être en possession d’une « kill list ». Les États-Unis et l’OTAN n’affirment pas non plus que la Russie en aurait une. En revanche, en 2018, l’Ukraine a déclaré que la Russie avait dressé une liste de 47 journalistes russes et ukrainiens qu’elle prévoyait de tuer. L’Ukraine aurait fait ces révélations après avoir orchestré l’assassinat du journaliste russe Arkady Babchenko.

Les agences de presse ont rapporté que Babchenko avait été assassiné chez lui à Kiev, la capitale de l’Ukraine. Mais c’était avant que Babchenko se présente le lendemain pour dire à tout le monde qu’il n’était pas mort. Babchenko et les autorités ukrainiennes ont alors expliqué que le simulacre d’assassinat était destiné à révéler le plan russe de tuer Babchenko et d’autres. Bien que le gouvernement ukrainien n’ait pas dit comment cela a aidé à découvrir le complot supposé de la Russie, les responsables ont ensuite publié une liste de 47 personnes que la Russie aurait prévu d’éliminer.

7. Iran

Les espions de la CIA en opération en Iran ont utilisé le même canal de communication défectueux qui les a démasqués en Chine. L’Iran a, comme la Chine, intercepté leurs communications et identifié plusieurs espions de la CIA que le gouvernement a ensuite chassés et tués. Il est intéressant de noter que l’Iran a découvert le canal de communication en premier et aurait pu en informer la Chine. L’Iran a pris connaissance du réseau d’espionnage après avoir soupçonné des agents de la CIA d’espionner activement son programme nucléaire. Un agent double de la CIA a montré aux Iraniens un site Web secret que l’agence utilisait pour communiquer avec ses agents en Iran.

Bien sûr, l’Iran se doutait que ce site n’était pas le seul, alors ils ont recherché les autres. Quand nous disons « rechercher », nous voulons dire que l’Iran a utilisé un moteur de recherche (Google) pour trouver des sites secrets de la CIA sur l’Internet. Ensuite, le gouvernement a suivi, capturé et exécuté les espions de la CIA qui avaient visité le site. Seuls quelques-uns ont réussi à s’échapper. L’Iran a partagé l’information avec plusieurs autres pays amis, dont la Chine. La Chine a ensuite utilisé ces informations pour suivre, capturer et tuer les espions de la CIA opérant sur son territoire.

8. Philippines

Le gouvernement philippin possède une liste pas si secrète de 649 personnes qu’il considère comme des terroristes. L’existence de la liste a été révélée lorsque le gouvernement a tenté de convaincre les tribunaux de considérer les personnes visées comme des terroristes. Si cela s’était produit, le tribunal aurait sans le vouloir, donné à l’État le pouvoir de tuer ses citoyens. Curieusement, la liste contenait les noms de plusieurs personnes non-terroristes comme Victoria Tauli-Corpuz, une militante internationale des droits de l’homme des Nations Unies dans le pays.

En fait, bon nombre des personnes visées sont des militants connus et non des terroristes. Dans certains cas, le gouvernement a tout simplement évité d’inscrire des noms et a utilisé des pseudonymes comme « John Doe » ou « Jane Doe ». Le gouvernement philippin a insisté sur le fait que les personnes figurant sur la liste étaient des membres du Parti communiste des Philippines (CPP) et de son unité militaire, la Nouvelle Armée populaire (NPA). Human Rights Watch a condamné cette liste, décrite comme une manière pour le président Rodrigo Duterte de se débarrasser de ses détracteurs et opposants politiques.

9. Israël

Israël n’a jamais caché le fait qu’il détient une liste de cibles à éliminer. En fait, en août 2001, le gouvernement a publié une liste de sept Palestiniens qu’il prévoyait de tuer. Israël a affirmé qu’il avait ajouté les Palestiniens à sa liste noire parce que l’Autorité palestinienne avait refusé de les livrer après que des actes terroristes aient été commis contre Israël. D’autres agences soupçonnent que la liste des cibles publiées était une tentative de relations publiques de la part d’Israël. Le pays a peut-être voulu prouver au monde qu’il n’a tué des Palestiniens que lorsqu’ils ont refusé de coopérer.

Le pays utilise différents moyens pour neutraliser les cibles inscrites sur sa liste. Les plus courantes sont les tireurs d’élite et les missiles lancés par hélicoptère. Comme presque toutes les autres nations, Israël n’appelle pas ces meurtres des « assassinats » mais des tirs ciblés. Les Palestiniens sont souvent les victimes de ces assassinats dits ciblés d’Israël. Cette question est très controversée à Gaza et en Cisjordanie, où les attaques de missiles lancés par hélicoptère ont massacré de nombreux civils. Cela a accru les sentiments anti-israéliens dans les zones de Cisjordanie contrôlées par les Palestiniens.

10. Sri Lanka

En 2010, il a été révélé que le gouvernement sri-lankais avait une liste secrète de 35 journalistes et membres d’ONG. L’agence de renseignement du pays aurait classé les cibles en fonction de leur importance. Cependant, le gouvernement n’avait tué personne avant que la liste ne fasse l’objet d’une fuite. L’une des cibles était J.C. Weliamuna, le directeur sri-lankais de Transparency International. Deux ans plus tôt, il avait échappé à une tentative d’assassinat présumée lorsqu’une personne non identifiée avait lancé une grenade dans sa maison.

L’attaque aurait été commanditée par le ministère sri-lankais de la Défense, furieux que Weliamuna représente des Sri Lankais dans des affaires de violation des droits humains impliquant le ministère. Le gouvernement sri-lankais a été impliqué dans des actes de torture, des assassinats et des disparitions de 14 journalistes depuis 2006, mais le gouvernement sri-lankais a nié disposer d’une liste noire, même si il a convenu qu’il avait prévu de surveiller certains groupes. Amnesty International a déclaré que le gouvernement sri-lankais avait publié délibérément cette liste pour intimider les travailleurs des ONG et les journalistes du pays.